La bouillonnante Sidi Ifni prépare son décollage
UNE nouvelle vie s’offre à Sidi Ifni. Cette petite province, connue pour son arrière-pays touristique, mais aussi par ses derniers soulèvements, cherche à rompre coûte que coûte avec son passé turbulent. Renforcement de la voirie urbaine, aménagement de voies, construction d’équipements publics et d’infrastructures de base… la ville est en chantier depuis des mois et ne cesse de se transformer. Ce sont en fait 444 millions de DH qui sont investis à l’échelle de la zone urbaine et plus de 871 millions de DH à l’échelle provinciale dans ce programme d’envergure de mise à niveau.
Dès l’entrée de la ville, le changement est visible. L’artère principale nouvellement plantée de palmiers donne un avant-goût des multiples transformations. D’abord la ville se connecte à son environnement grâce à un serpentin de 151,5 km de route, quasi fini, qui désenclave 9.900 habitants ruraux, portant ainsi le taux d’accessibilité des populations rurales à l’infrastructure routière de 70 à 86%. Un projet qui a nécessité quelque 140 millions de DH.
Malgré ses fortes potentialités, la province offre encore trop peu d’opportunités d’emplois, ce qui crée des tensions qui tournent au pugilat. Dans les rues, la présence de jeunes et moins jeunes désoeuvrés est un signe que le taux de chômage est très important. Officiellement, il se situe entre 9 et 10,5%, et il qui risque de s’aggraver à cause du raccordement routier avec le monde rural.
Pourtant, la cité est une façade atlantique qui offre une grande richesse halieutique et donc de nombreuses opportunités de travail. Les autorités ont d’ailleurs consacré une enveloppe conséquente au réaménagement du port qui devrait s’établir autour de 321 millions de DH.
Pour l’heure, les travaux concernant l’épi d’arrêt de sable pour faire face au problème d’ensablement réalisés à 15% devraient s’achever en 2015. Un quai de débarquement pour la pêche artisanale (35 millions de DH) est également prévu. A moitié conçu, il devrait être opérationnel en 2013. Mais sans main-d’�"uvre qualifiée, point de développement économique. Des établissements de formation professionnelle sont en projet. Il s’agit d’un institut spécialisé de technologie appliquée (ISTA) et d’un centre de formation maritime. Le premier, d’un coût de 25 millions de DH, offrira à l’horizon 2014 un nombre de 452 places pédagogiques. Pour sa part, le centre de formation maritime nécessitera un investissement de neuf millions de DH et aura à l’horizon 2013 une capacité de 450 places de stagiaires.
Sidi Ifni n’oublie pas non plus sa jeunesse malade ou indigente. En matière d’équipements sociaux, de nombreux chantiers ont vu le jour, dont Certains sont déjà opérationnels.
Les centres des handicapés de Sidi Ifni et de Mirleft offrent respectivement une capacité de 40 à 60 personnes. Si le centre dédié aux étudiantes est achevé, les maisons de quartiers de Sidi Ifni et de Lakhssas sont pour leur part réalisées à 70%.
En matière d’infrastructure sanitaire, le centre urbain de soins devrait être opérationnel en novembre 2012. Le centre d’hémodialyse le sera en mars 2013.
Pour rappel, souvent les raisons des révoltes concernaient des problèmes de base tels que des carences en matière d’assainissement, ou de cherté de l’électricité. Aussi Sidi Ifni compte-t-elle se mettre à niveau en se dotant d’une station d’épuration. Une démarche pour notamment améliorer la qualité des eaux de baignade de la plage.
Dans ce même objectif, deux autres stations d’épuration des eaux usées à Mirleft et à Lakhssas sont actuellement en cours d’étude. Toujours sur le plan environnemental, le Conseil communal a lancé la requalification de la décharge urbaine. C’est la société STAM, siégeant à Casablanca, qui est en charge de ce chantier. Pour l’heure, le dossier est au stade de versement des cotisations des partenaires.
L’objectif de tous ces chantiers est bien sûr, outre améliorer le cadre de vie des habitants de la ville, de rendre plus attractive la région autant pour les touristes que pour les investisseurs.
Tourisme nature et découverte
COMMENT drainer l’investissement? Sidi Ifni doit encore se démener pour récupérer ses terrains. Près de 90% de son assiette foncière appartient notamment à la direction du Domaine -ministère des Finances- et à l’Agence des équipements militaires. Selon les autorités locales, les efforts ont porté leurs fruits et il existe aujourd’hui des terrains disponibles à travers les zones industrielles portuaire et municipale. Sur le plan de développement économique, les institutionnels et élus de la ville tentent de mettre en avant les opportunités touristiques de la région. L’organisation du festival “Caravanes’’ qui en est à sa troisième édition est justement une occasion de valoriser la beauté de la nature, des plages et des sites touristiques de la contrée sans oublier son patrimoine culturel. La ville veut se positionner sur le tourisme nature et découverte. Elle se prépare à cela à travers le réaménagement de son front de mer. Dans ce contexte, l’expertise canarienne a réalisé pour le compte de Souss-Massa-Draâ l’avant-projet de la promenade du front de mer de la ville de Sidi Ifni. Au-delà, les événements tel le festival “les Caravanes’’ et l’amélioration du cadre de vie sont d’un grand intérêt sur le plan social pour animer la ville et calmer les tensions qui la traversent par moment. Aujourd’hui, les jeunes sont appelés à prendre des initiatives citoyennes et à créer des activités génératrices de revenus. La démarche finira bien par porter ses fruits
Malika ALAMI