«J’ai longtemps tourné autour du pot avant de me décider à faire Un ange à la mer, confie le réalisateur belge Frédéric Dumont. C’était ancré dans ma tête, mais je n’arrivais pas à le sortir.»
Ce film raconte l’histoire de Louis (Martin Nissen), un garçon de 12 ans. Il est heureux et vit entouré de sa famille. Jusqu’au jour où son père (Olivier Gourmet) maniaco-dépressif l’appelle dans son bureau pour lui révéler un secret qui bouleversera l’enfant. Du jour au lendemain sa vie bascule.
Et il a fallu près de sept ans au cinéaste pour accoucher de son premier long-métrage. Mais les raisons de cette attente sont justifiées.
«La scène du secret, c’est exactement ce que j’ai vécu quand j’avais 10 ans», confie le cinéaste.
Même si ces faits se sont déroulés au Maroc il y a plus de 32 ans, Frédéric Dumont considère qu’Un ange à la mer n’est pas un film autobiographique. «Tout ce qui est autour, c’est de la fiction, précise-t-il. J’ai eu le temps de faire des cauchemars, et les années ont estompé mes souvenirs. J’ai acquis une grande confiance en moi.»
Ce n’est pas un hasard s’il a choisi le Maroc et la ville de Sidi Ifni pour tourner son film. «J’ai vécu dans beaucoup de pays. Et même si cela semble un peu colonial comme discours, le Maroc, c’est mon pays. Et je trouvais que Sidi Ifni était un bon moyen de mettre cette famille dans un huis clos coincé entre la mer et le désert.»
Tout en dévoilant une partie de sa vie et en se déchargeant d’un lourd fardeau, Frédéric Dumont aborde avec subtilité cette maladie dévastatrice qu’est la maniaco-dépression. «En tant qu’artiste, j’assume entièrement le fait de dévoiler une partie de ma vie. Mon père était atteint de cette maladie. Je l’ai vécue de près. Elle est effrayante et s’aggrave rapidement si elle n’est pas soignée.»
La non-communication
À travers les hors champ et les cadres de plus en plus resserrés, le réalisateur a voulu mettre en avant les non-dits. «La maltraitance verbale et psychologique que l’on fait subir aux enfants est une violence insidieuse. C’est de la perversion.»
Frédéric Dumont évoque la non-communication qui s’installe entre un père et son fils. Ce silence ronge petit à petit l’insouciance et l’enfance du garçon.
Grimpé sur une branche du citronnier du jardin familial, Louis veille sur son père cloîtré dans le noir de son bureau. Le garçon sombre peu à peu dans cet univers sinistre et perd peu à peu la parole. Une réaction incontrôlable qui l’isole du reste du monde. «J’ai bégayé très longtemps après que mon père m’a fait cette révélation», livre le cinéaste belge. La communication est donc rompue, et les seuls échangent qui existent entre les deux se réduisent à un jeu de syllabe. Mais ce petit jeu ne durera qu’un temps. L’ange gardien finira par perdre pied...
Un ange à la mer
En salle dès aujourd’hui